Abbaye de l'Épau
L'Abbaye de l'Epau, située sur la commune de Yvré-l'Évêque a été fondée en 1229 par la reine Bérangère de Navarre, veuve du roi Richard Cœur de Lion.
Elle fut incendiée durant la Guerre de Cent Ans puis partiellement reconstruite à partir de 1400 et resta en activité jusqu'à la Révolution.
Acquise en 1959 par le Conseil général de la Sarthe, elle a fait l'objet d'une longue restauration dans un strict respect de ses qualités architecturales.
Lieu institutionnel et culturel, l'Abbaye accueille notamment le Festival de l'Épau organisé sous l'égide du Conseil général au mois de mai.
L'abbaye de l'Epau a été fondée le 25 mars 1229
par Bérengère de Navarre, veuve du roi Richard Coeur de Lion et comtesse douairière1 du Maine. Ce ne fut pas sans mal car les terrains avaient été donnés par Athur de Bretagne, neveu de Richard Coeur de Lion, aux frères de Coëffort. Bérengère alors agée de 59 ans (Voir sa biographie) les récupéra des mains de ces religieux au moyen d'une indemnité et fit construire le monastère qui fut appelé de Pietate Dei
(de la Pitié-Dieu).
Charte de donation de l'Epau
Les abbayes cisterciennes étaient nombreuses dans le département aux 12eme et 13eme siècles: Perseigne (1145), Tironneau, Champagne (1188), Bonlieu
(1219), La Virginité (1220) et bien-sûr l'Epau (1229).
NE RESTE QUE DES RUINES |
Durant la guerre de Cent ans, les Manceaux, craignant une invasion britannique, l'incendièrent. Commence alors un grand programme de reconstruction qui s'étalera sur plusieurs siécles. Elle fut reconstruite pendant le 14eme siècle mais ne fut jamais terminée.
A la Révolution, l'abbaye de la Piété Dieu de l'Epau n'abritait plus que 6 moines. Ces moines suivaient la règle cistercienne: ils partagaient leur temps entre la prière et le travail manuel, vivaient très isolés du monde extérieur, et ne possèdaient rien personnellement. Ils quittèrent l'abbaye de l'Epau en 1790.
L'Epau devint, alors, une exploitation agricole. L'église
abbatiale
fut même tranformée en grange.
(CARTE POSTALE DATANT DE 1903) |
En 1959, l'abbaye n'était plus que ruines, lorsque le Département de la Sarthe s'en portât acquéreur. Les travaux de restauration durèrent près de 30 ans pour que l'Epau devienne aujourd'hui l'une des abbayes les mieux conservées de France.
"Charte de donation de l'Epau"
Texte :
«
A tous les fidèles du Christ, présents et à venir, qui auront connaissance de la présente charte, B(érengère), par la grâce de dieu jadis humble reine d’Angleterre, adresse son salut au nom du véritable Salut. A tous nous vous faisons savoir que nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix cinquante sous, monnaie du Mans, de cens annuel constitue par Raoul de Sévillé, avec l'accord et de l'aveu d'Isabelle, sa femme et de leurs enfants, et de Cilles de Losmont, chevalier, seigneur fieffé.
De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix de Julienne. veuve de Lambert Taillandier, et de Hugues, son mari, avec l'accord des enfants desdits Lambert et Julienne, une métairie située à l'Èpau, près du Mans, avec toutes ses dépendances, en terres, prés, pacages, bois, oseraies, et eaux, et spécialement celle qui se trouve à l'Huisne, avec toutes les autres dépendances de ladite terre telle que Hugues et Julienne la possédaient. pour cent livres tournois. De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix de Bienvenue « le Espallone », avec l'accord de Raoul Guy, son mari, et dc leurs enfanis, otite la tetinre qu'ont occupée Jean Épaulier et Eremharge son épouse, à l'Épau et partout ailleurs, en terres, prés, pacages, bois, maisons et le reste, avec tous les droits qu'ils revendiquaient ou pouvaient revendiquer à l'Épau, pour quarante livres tournois.
De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix d'un certain Perret, les terres qu'il possédait à titre d'aumône à lui faite par Isabelle, sa tante, pour cinquante sous Le Mans.
De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédous en toute paix de Guillaume de Rouillon, chevalier, la tenure appelée la
Vassalerière, avec toutes ses dépendances et toute la terre située entre la pièce d'eau appelée Brezan et Pourry, pour cinquante livres tournois, avec tous les droits tant seigneuriaux que féodaux qui y prévalaient, et toutes les taxes, services, redevances dus par Thibault Lesourd et Jean Fournier.
De même, nous avons librement acheté, loyalement ci. intégralement payé, et possédons en toute paix de l'abbesse et de l'abbaye de Fontevraut, les vignes qu'elles avaient au Mans et au lieu appelé la Fontaine-Saint-Martin, onze sommes de vin pur et un costeret de la part qu'elles possédaient près de la carrière de pierres de Monnet, pour soixante livres tournois.
De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix de Hugues de Haane et de Herbert, son fils, les deux tiers de la grande dîme de Saint-Jean-des-Echelles, tant en blé, paille, moisson, qu'en redevance, et les deux tiers de la dîme des vignes qui ont été plantées depuis cinq ans, ou des vignes qui seront plantées à l'avenir dans ladite grande dîme, avec une aire d'une taille suffisante pour y recueillir et battre ladite dîme.
De même, nous avons librement acheté, loyalement et intégralement payé, et possédons en toute paix et (...illisible) (de la Maison-) Dieu de Coèffort toute revendication et tout droit, si elle en avait, au lieu de l'Épau, pour cent livres du Mans.
Et tous les biens susdits (...illisible) nous les avons concédés en pure et perpétuelle aumône à l'abbé et à l'abbaye de la Pitié-Dieu, de l'ordre de Cîteaux, et de tous ces biens nous avons investi lesdits abbé et abbaye, dans la plénitude des droits avec lesquels nous les avons achetés et devrions les tenir
En témoignage et corroboration de quoi, nous avons établi la présente charte et y avons fait apposer notre sceau.
Fait l'an de grâce mil deux cent trente. »