l'Abbaye cistercienne de l'Epau
Les
abbayes cisterciennes étaient nombreuses dans le département de la Sarthe aux 12eme et
13eme siècles: La Virginité (1220) -
Perseigne (1145) -
Tyronneau (ou
Thironneau ou Tironneau 1149) - Bonlieu (1219) - Champagne (1188). C'est à quelques kilomètres du Mans (à
Yvré l'évêque) que se situe l'Abbaye cistercienne de la Piété-Dieu, connue
sous le nom de l'Epau, dans un immense parc de 13 hectares. Elle fut fondée
en mars 1229 par la reine Bérengère ( Le fils d'Henri II, Richard
Auguste Coeur de Lion se maria dans l'Ile de Chypre à Bérengère, princesse
de Navarre. ), épouse ( veuve en
1204 ) de Richard Cœur de Lion et Comtesse Douairière du Maine,
qui voulait y être ensevelie. Un peu plus d'un siècle plus tard, durant la
guerre de Cent Ans, les Manceaux ruinèrent l'abbaye pour empêcher les
Anglais de s'y installer. Elle ne fut reconstruite que partiellement au
XVème siècle. Actuellement, elle sert pour des réunions du conseil général ou autre et permet d'importantes manifestations culturelles. |
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Elle eut un fils de Richard: |
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Sculptures aux pieds de Bérengère |
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Ci-dessus sculptures des différents chapiteaux |
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Ci-dessus, clefs de voûte dans l'église abattiale |
Clocheton |
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A propos de Richard Coeur de Lion:
Salué pour sa bravoure, ses qualités de chevalier et de poète, Richard Cœur de Lion a lié son destin à celui de l'histoire de France.
Richard naquit à Oxford, probablement au
palais de Beaumont, dans la nuit du 8 septembre 1157 (Troisième
fils d' Henry II).
Son père Henry II, Roi d'Angleterre, Duc de Normandie, Comte d'Anjou et, par son
mariage, Duc d'Aquitaine, est à la tête d'un empire qui s'étend des frontières
écossaises aux Pyrénées.
Sa mère, Aliénor d'Aquitaine, épouse d'Henry II en secondes noces, est l'être le plus fascinant du couple royal. La succession au trône est totalement assurée avec Henry le Jeune, le frère aîné de 3 ans, et Richard. Elle aura encore deux autres fils, Geoffroy et, le dernier, Jean, né en 1167.
Le centre de l'empire était l'Anjou. Henry
II, né au Mans, est mort à Chinon et a été inhumé à Fontevrault. Aussi Richard
ne grandit pas en Angleterre, mais il n'est pas non plus élevé à la cour de son
père.
En effet, après la naissance de Jean, en 1167, Henry et Aliénor, vivent
séparément. Aliénor établit sa cour sur ses terres à Poitiers et à Limoges, une
des capitales traditionnelles des ducs d'Aquitaine .
Il vit entouré d'une cour raffinée où se côtoient les plus fins lettrés, les
troubadours les plus célèbres et les meilleurs musiciens. Aliénor hante les
rêves des poètes et des compositeurs :
Sceau de Richard
Richard est élevé comme un grand seigneur,
les jeux de l'esprit lui sont familiers, il écrit les langues d'oc et d'oil (le
français et le limousin), et parle si bien le Latin qu'il peut faire des
plaisanteries latines aux dépens de l'Archevêque de Canterbury, moins instruit.
Mais il s'initie aussi aux disciplines de la chevalerie, monter et combattre à
cheval, et à l'art de la guerre en participant aux tournois.
En mars 1173, à Limoges, Henry II convoque ses barons en assemblée et, là, coup
de théâtre, Henri le Jeune, frère aîné de Richard, se dresse contre l'autorité
paternelle.
Quelques jours plus tard, avec Richard et Geoffroy, il se retrouve à la cour de
Louis VII, roi de France, à Paris. Les trois frères font prendre les armes à
tous les barons du Poitou et de l'Aquitaine contre leur père. Une année riche en
événements se déroule. Mais Henri II est le plus fort. Le 8 juillet 1174,
Aliénor qui tentait de rejoindre ses fils, est arrêtée par une patrouille
d'Henri. Elle restera prisonnière de son époux jusqu'à la fin de son règne.
Le 30 septembre, les enfants rebelles se soumettent. Là, le caractère déroutant
de la personnalité de Richard se révèle. Alors qu'il avait soulevé l'ensemble
des grands feudataires poitevins et aquitains contre Henry II, il va devenir
leur principal adversaire, pour, désormais allié de son père, les faire rentrer
dans l'ordre "Plantagenêt".
C'est dans cette guerre, qu'il développe d'étonnants talents de stratège et de
meneur d'hommes. En 1177, il écrase la révolte des Barons, en écrasant les
mercenaires brabançons à Barbezieux (Charente), et en emportant de haute lutte
le Château de Limoges. A la même époque, il fait prisonniers 2500 routiers qui
mettaient à sac le Limousin et les mène à Aixe-sur-Vienne, près de Limoges.
Là, il fait couper la tête à un tiers d'entre eux. Le second tiers est noyé dans
la Vienne et on perce les yeux du dernier tiers. Ces hommes sont ensuite
dispersés sur les routes, pour proclamer la grandeur de la sévère justice de
Richard. C'est à cette époque que Bertran de Born, le surnommera "oc et no" (oui
et non) soulignant cette capacité à prendre d'un jour à l'autre des décisions
contraires.
Tombeau d'Henri II et d'Aliénor dans l'abbaye de Fontevrault
En juin 1183, une soudaine attaque de dysenterie, change sa situation. Son frère aîné Henri le Jeune, âgé de 27 ans, meurt. Richard devient héritier du trône d'Angleterre. En 1184, Richard croise le fer pour la première fois avec l'homme qui deviendra le plus sûr allié de Philippe Auguste, Jean, le cadet des frères angevins. Henry II avait espéré que Richard laisserait l'Aquitaine à Jean. Mais Richard a refusé car il avait passé son enfance et son adolescence en Aquitaine, soumettant la province à sa volonté et n'était pas prêt à l'abandonner.
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Aliénor et Louis VII (Miniature XIVème) | Sceau d'Aliénor |
Richard garda son duché et Jean devint "Jean sans Terre". Le 6 juillet 1189, à
Chinon, Henry II meurt. Le 20 juillet Richard est investi du duché de Normandie,
et le 3 septembre, à Westminster, il est couronné Roi d'Angleterre. Aliénor
triomphe.
Le 11 décembre, il s'embarque pour la croisade et rencontre Philippe Auguste
quelques jours plus tard pour organiser le départ. Le 7 août 1190, il quitte
Marseille et, le 24 septembre, atteint Messine, en Sicile, où Philippe l'a
précédé.
Richard et Philippe se rencontrent,
l'atmosphère semble chaleureuse.
Les vents défavorables ne permettent pas de lever l'ancre pour la Terre Sainte
et le séjour sicilien se prolonge. Le 2 Février 1191 une violente altercation
oppose les deux rois. Jeanne, la sœur de Richard, jeune et très désirable veuve
de Guillaume de Sicile, enflamme le cœur du roi de France. Richard ne le tolère
pas. Les brouilles se développent et s'amplifient tout au long de ce séjour
forcé. Enfin le 30 Mars Philippe Auguste quitte Messine le jour même où Aliénor
y arrive accompagnée de Bérengère de Navarre, fille du roi Sanche, future épouse
de Richard.
En Avril 1191, Richard s'embarque avec
Bérengère. Ils abordent en Crète et le 9 Mai ils sont à Chypre où, le 12 Mai
lors de leur mariage au château de Limassol, Bérengère est couronnée reine d'Angleterre.
Richard se rend maître de l'île et, le 5 Juin, appareille pour Saint Jean d'Acre
laissant le pouvoir à deux chevaliers chargés d'administrer Chypre en son nom.
Le 12 Juillet, les musulmans qui défendaient Acre se rendent et les Croisés y
font avec Richard une entrée triomphale. Mais les intrigues se nouent, les
jalousies s'exacerbent et Philippe Auguste annonce son départ.
Lusignan et Montferrat s'opposent sur la dévolution du Royaume de Jérusalem. Le
20 Août alors qu'une entrevue est fixée entre les Croisés et les émissaires de
Saladin pour un échange de prisonniers et la reddition de la vraie Croix,
Richard exaspéré par le retard des musulmans fait exécuter les 2700 captifs.
En Septembre, Richard bat Saladin à Arsouf. Il reprend contact avec l'ennemi et
lors d'une très cordiale entrevue avec Malik el Adil, frère de Saladin, il lui
propose d'épouser sa soeur, la belle Jeanne. Ainsi serait définitivement résolu
le problème des Lieux Saints? le prince musulman et l'ex-reine de Sicile
règneraient sur la région côtière en résidant à Jérusalem. Les chrétiens
continueraient à dire la messe au Saint Sépulcre alors que les musulmans
prieraient dans leurs mosquées.
Ce projet n'aboutit pas. Richard installe Gui de Lusignan comme roi de Chypre,
bat Saladin devant Jaffa après avoir renoncé à marcher sur Jérusalem. Le 2
Septembre est conclu le traité de Jaffa entre les deux héros de la troisième
croisade , Richard et Saladin. Désormais les Chrétiens peuvent librement se
rendre en pèlerinage sur tous les Lieux Saints et un état Franc est créé
s'étendant de Tyr à Jaffa.
L'heure est maintenant au retour car,
malgré la vigilance d'Aliénor, les barons Aquitains et Poitevins encouragés par
le Roi de France s'agitent et Jean sans Terre prend goût au pouvoir.
Le 9 Octobre 1192, Richard s'embarque à Chypre. Après une navigation chaotique
qui l'amène à rebrousser chemin de Marseille à Corfou puis Raguse où il débarque
avec une poignée de compagnons. Hélas il est sur les terres de son ennemi le
plus irréductible, Léopold, duc d'Autriche.
Ce dernier est prévenu et Richard est arrêté sans aucun ménagement et jeté dans
un cul de basse fosse comme un vulgaire bandit de grand chemin.
Au bout de quelques mois de ce régime particulièrement sévère il est transféré
de Durnstein à Trifels sur les terres de l'Empereur Henri VI. L'Europe entière
est au courant au grand scandale de la papauté qui voit d'un très mauvais oeil
un croisé être emprisonné par des Chrétiens. Mais rien n'y fait, d'ailleurs
l'ensemble des souverains voilent à peine leur satisfaction de voir enfin
Richard neutralisé.
Seule Aliénor se démène et négocie la rançon de son fils qu'elle apporte
elle-même à l'Empereur à Cologne. Le 2 Février 1194, Richard est enfin libéré
Le 13 Mars 1194, Richard est en Angleterre
où il remet de l'ordre dans le royaume, puis passe en Normandie et en Aquitaine
où il arrête les visées de Philippe Auguste sur ses possessions
continentales. Le 13 Janvier 1199 une trêve de 5 ans est conclue entre les deux
rois, Richard est enfin libre de régler certains comptes restés en suspens.
Celui qui est particulièrement visé s'appelle Adhémar.
Il est vicomte de Limoges et fut l'un des moins zélés de ses vassaux à
participer à la collecte de sa rançon et aussi l'un des moins fidèles puisque
aujourd'hui encore les archives de France conservent le traité secret de
l'alliance du vicomte avec le roi de France contre son suzerain de droit :
Richard.
L'heure avait sonné de mettre son vassal au pas. La légende dit qu'on avait
trouvé à Châlus un fabuleux trésor de 12 statues d'or et que Richard vint sur
place pour revendiquer cette fabuleuse découverte. La vérité est beaucoup plus
simple: Adhémar doit être châtié et le château de Châlus est le verrou qui donne
accès à Limoges. D'autre part, à moins de 15 kilomètres de Chalard, se trouvent
les plus importantes mines d'or de France, encore exploitées aujourd'hui. Le
vicomte de Limoges devait sans doute soigneusement oublier de remettre à son
suzerain son dû.
Il faut peut-être voir là l'origine de la légende. Quoiqu'il en fut, Richard,
accompagné du sinistre Mercadier son routier et chef de guerre favori, arrive
avec une centaine d'hommes pour prendre Châlus le 25 Mars 1199. Dés le
lendemain, il repère les lieux. L'ensemble de la garnison, une poignée d'hommes
d'armes et leur famille, trente à trente cinq personnes, se réfugient dans le
grand donjon cylindrique. Ils craignent pour leur vie d'autant plus que Richard
et Mercadier ont proclamé haut et fort qu'il n'y aurait pas de quartier pour ces
félons. Ils savent qu'ils ne seront pas secourus, ils savent aussi qu'on ne se
rebelle pas contre son suzerain. Ils sont dans le plus total désespoir. Un des
chevaliers barricadés dans ce formidable donjon a une arbalète. Son nom est
Pierre Basile. Il voit à ses pieds un petit groupe de cavaliers.
Exaspéré, et pour les faire fuir, sans même viser, il lâche son trait
d'arbalète, le carreau vole et vient se figer à la base du cou d'un des
cavaliers qui se dresse fièrement sur ses étriers pour complimenter le tireur
sur son adresse. Richard était atteint, il descend de cheval, s'assoit sur un
rocher pour qu'on examine la blessure et, persuadé de sa bénignité, revient à
son camp. Mais on ne peut extraire le fer,
l'infection gagne, Richard comprend que sa fin est proche. Il pardonne aux
défenseurs de Châlus et à Pierre Basile en particulier à qui il lègue une somme
d'argent.
Sa mère bien aimée, Aliénor, accourt de Fontevrault pour recueillir les
dernières volontés de son fils "Que mon corps soit enterré à Fontevrault, mon
cœur dans ma cathédrale de Rouen, quant à mes entrailles qu'elles restent à
Châlus".
Tombeau du "Coeur" de Richard dans la cathédrale
de Rouen
Ainsi mourut à Châlus en Limousin le plus emblématique roi du Moyen- Age.
Le Limousin et l'Aquitaine venaient de perdre l'un des leurs, qui maniait si
magnifiquement la langue d'Oc qu'il était devenu l'égal par son talent des plus
grands troubadours. Le défenseur des Arts, le musicien, le parfait chevalier
n'était plus, avec lui s'achevait ce douzième siècle glorieux dont on allait,
des siècles durant, regretter la fin.
Ce Plantagenêt ne passa jamais une année
entière en Angleterre, ne parlait pas un traître mot d'anglais.
A propos d'Aliénor d'Aquitaine:
- Duchesse d'Aquitaine (1137-1204)
- Fille du duc Guillaume X
- Epouse Louis VII (1137)
- Reine de France (1137-52)
- Voit son mariage annulé par le concile de Beaugency (1152)
- Se remarie avec Henri Plantagenêt
- Reine d'Angleterre (1154-89)
- Régente en l'absence de son fils Richard Coeur-de-Lion
Epousée à 13 ans par Louis VII qui semble en être fortement épris, elle se satisfait peu de son mari. Lorsque celui-ci l'emmène dans sa deuxième croisade, elle demande en chemin le divorce . Si le motif prétexté est communément admis, le fait que la demande soit à l'initiative d'une femme est un scandale. On l'accuse d'avoir causé l'échec de la croisade, la présence de femmes étant perturbante pour les combattants . Sur le chemin du retour, le pape Eugène Il tente de réconcilier les époux et les remarie. Trois ans plus tard, Aliénor obtient le divorce. Louis VII s'est résigné à la perdre, la croyant incapable de donner un héritier mâle. Elle épouse aussitôt Henri Plantagenêt , lui apportant ainsi l'Aquitaine, après avoir évité deux tentatives d'enlèvement sur le chemin qui la ramenait à Poitiers. Les époux transgressent ainsi deux interdictions : d'une part, il y a entre eux le même lien de consanguinité qu'entre Aliénor et Louis ; d'autre part, Aliénor aurait connu le père d'Henri . Henri se préoccupe peu de sa femme. C'est pourquoi celle-ci, à la recherche d'un plus grand pouvoir, offre son appui à ses fils lorsque ceux-ci se révoltent contre un père qui tarde à mourir : cette insoumission de la femme à son mari constitue un second scandale. La révolte matée, Aliénor (capturée alors qu'elle était habillée en homme) est maintenue prisonnière jusqu'à la mort de son mari en 1189. Elle passe ses derniers jours au monastère de Fontevrault. Légende dès son vivant, elle est généralement présentée comme une putain perverse, un instrument du diable. Elle a subi le sort de toutes les femmes à la tête d'un domaine intéressant : épousée pour donner rapidement des héritiers mâles. Ce qui la distingue, c'est qu'elle a tenté de secouer le joug, sans que cela lui soit réellement profitable.
Aliénor ou Eléonore d'Aquitaine
(Autre source) (1122-Fontevrault, 1204)
Elle est la fille et héritière de Guillaume X, dernier duc d'Aquitaine. Elle
deviendra duchesse à la mort de son père en 1137, la même année elle épousa à
l'âge de 15 ans le futur roi de France Louis VII auquel elle apporta le duché
d'Aquitaine (qui resta cependant distinct du domaine royal malgré les attentes
des conseillers du roi qui, comme Suger, avaient envisagé une assimilation
rapide de cette principauté au royaume.). Elle va accompagner son époux à la
deuxième croisade (1147-1149) et fit scandale en raison de son infidélité (avec
son propre oncle Raimond de Poitiers, prince d'Antioche. C'est ce qui poussa
Louis VII à ne pas mener une expédition contre Edesse qui aurait soulagé la
principauté d'Antioche, ce fut lourd de conséquences puisqu'il aurait pu ainsi
lever le principal danger qui pesait sur la Terre sainte et qu'il ne le fit
pas). Louis demanda le divorce (il ne pouvait faire autrement, ridiculisé qu'il
était par les flirtes de sa femme avec Henri Plantagenêt) et l'obtint.
Aliénor se remaria avec Henri, alors comte d'Anjou et duc de Normandie. (Il
deviendra roi d'Angleterre en 1154 sous le nom d'Henri II).
Le domaine d'Aquitaine passait donc sous la domination des Plantagenêt, Aliénor,
peu attachée à son mari continua d'administrer le duché (elle maintenait une
cour brillante à Poitiers).
Lorsque leurs fils se soulevèrent contre leur père ( tantôt Richard cœur de
Lion, tantôt Jean sans Terre ) elle prit parti pour eux. Henri II la fit
emprisonner dans un couvent dont elle ne sortit que lorsque Richard devint roi
(en 1189), son fils lui confia le gouvernement lorsqu'il partit pour la
troisième croisade (1190). Elle joua aussi un rôle prédominant dans l'avènement
de Jean sans Terre en 1199 (malgré les droits éventuels d'Arthur de Bretagne,
fils de son fils aîné). Elle dirigea ensuite la résistance royale contre la
rébellion des grands feudataires du duché, que soutenait Philippe Auguste.
Malgré son âge, elle déploya une remarquable énergie dans les derniers
soubresauts de l'indépendance aquitaine, qui disparut peu après sa mort (elle
mourut en l'abbaye de Fontevrault où se trouve encore son tombeau), grâce à
l'habileté de Philippe Auguste qui exploita les erreurs politiques de Jean sans
Terre.
Aliénor d'Aquitaine (1122-1204) (Autre
source)
Dans la magnifique abbatiale de Fontevrault (Maine-et-Loire) se trouve le gisant
d'Aliénor d'Aquitaine au milieu des Plantagenêt (Henri II, Richard Cœur de Lion
et Isabelle d'Angoulême). Sereine, elle semble reposer dans une de ses activités
préférées, un livre à la main. Une guimpe seyante entoure le visage jeune, aux
traits fins, à l'expression altière.
Aliénor, fille aînée du duc Guillaume X d'Aquitaine, était une des plus belles
et des plus riches héritières d'Occident. Sa longue vie ressemble à une histoire
de cape et d'épée: elle chevauche en Orient contre les Infidèles, elle est
célébrée par les plus grands troubadours de son temps. Reine de France et
d'Angleterre, mère de deux rois et de deux reines, elle est passionnée de
politique et joue un rôle considérable dans le développement de la courtoisie.
Une fille du soleil dans les brumes du nord
En 1137, à Bordeaux, elle épouse à son avènement Louis VII, roi de France. Elle
n'est âgée que de quinze ans mais elle est déjà sûre d'elle, coquette et
sensuelle, habituée à la vie facile des cours languedociennes, et aime la
société des poètes et troubadours. Son époux, quant à lui, est un garçon chétif
de dix-sept ans, à la nature pieuse, dont le grand plaisir est d'assister à la
messe et de chanter au lutrin.
Cette fille du soleil qui aime chanter des ballades en s'accompagnant de sa
viole a du mal à s'habituer au sombre palais de la Cité, à Paris. En 1147, Louis
VII se décide à prendre part à la deuxième croisade. Sa femme Aliénor l'avait
convaincu de la laisser l'accompagner dans cette aventure.
De la cour de France à celle d'Angleterre
Mais la jeune épouse sensuelle, au sourire enchanteur, aux yeux ardents,
habillée à la dernière mode, ne tarde pas à défrayer la chronique par ses
frasques sentimentales. Jaloux, Louis VII entend l'emmener à Jérusalem pour
mieux la surveiller. Pour le retour en France, ils font bateau à part.
Durant l'été 1151, les événements à la cour de France avaient pris un tour
dramatique lors qu'Aliénor avait fait la connaissance d'Henri Plantagenêt, duc
de Normandie, le jeune fils du comte Geoffroy d'Anjou. Il est de quinze ans plus
jeune qu'elle.
Sous prétexte de consanguinité, le roi Louis VII demande l'annulation de son
mariage en 1152. Cette séparation du couple royal va mettre pendant des siècles
le royaume de France en péril. La même année, Aliénor épouse Henri Plantagenêt,
réunissant aux domaines anglais les vastes territoires du sud-ouest de la
France, dot d'Aliénor que son ex-époux doit lui restituer.
Quand Henri devient roi d'Angleterre en 1154, sous le nom de Henri II, Aliénor
est une reine brillante et remarquée. Les deux époux, forces de la nature,
semblent faits l'un pour l'autre. Mais la haine succède rapidement à l'amour. En
particulier, Aliénor déteste Rosamond, la Rose du monde que le roi ose exhiber
dans son palais. Elle cherche alors à se venger de lui en fomentant des complots
contre cet époux volage en dressant ses fils contre lui, et surtout son favori,
Richard Cœur de Lion.
Reine des troubadours
En 1170, elle abandonne la cour d'Angleterre dont l'atmosphère est empoisonnée
par cette liaison humiliante, et se réfugie à Poitiers au cœur de ses domaines.
Là, elle est reine d'une autre cour, dominant érudits et troubadours, artistes
et musiciens. Sa fille Marie, comtesse de Champagne à qui la lie une forte
sympathie, préside avec elle les festivités, les splendides tournois, les
soirées musicales et les cours d'amour. Ensemble, elles créent une mode, un code
de civilité dans le cadre de l'amour courtois.
Mais Henri II réussit à la faire saisir par ses hommes, et la retient captive en
Angleterre pendant plus de quinze ans. Aliénor ne recouvre sa liberté qu'après
la mort du roi en 1189.
Toujours intrigante et active, elle prend le parti de Richard Cœur de Lion
contre son frère cadet Jean sans Terre et, durant la captivité du premier,
galvanise les Anglais dans leur résistance au roi de France, Philippe Auguste.
Après la mort de Richard en 1199, elle soutient la candidature de Jean sans
Terre au trône d'Angleterre.
A l'âge de quatre-vingts ans, elle organise encore la défense du château de
Mirebeau, avant de connaître finalement la quiétude sous les voûtes de l'abbaye
de Fontevrault, qu'elle avait contribué à enrichir. C'est en ces lieux qu'elle
meurt en 1204 à l'âge de 82 ans.